samedi 27 août 2011

Un buste de transition pour Plautille et la possible naissance d'un héritier ?

En moins de cinq ans, pas moins de cinq types de coiffures peuvent être observés sur le monnayage impérial en argent de Plautille.
Ce denier présente un type de coiffure que je nommerai de type "c" comme dans le BMC et qui n'est utilisé que par un seul type monétaire, celui avec Pietas au revers.
Il fait la transition entre le type de coiffure "bvar" apparu un an plus tôt et le dernier type utilisé principalement en 204-205. Comme son prédécesseur les cheveux descendent en une natte recouvrant la nuque, mais la tresse est enroulée au lieu de remonter sur la tête. Cette configuration sera reprise sur le dernier de type de coiffure. L'oreille contrairement au dernier type est dégagée et les nombreuses rides plus ou moins horizontales ne présentent pas de crans.


n° P12

Dénomination: Denier

Impératrice: Plautille

Avers: PLAVTILLA - AVGVSTA - Buste drapé à droite.

Revers: PIETAS - AVGG - Pietas debout à droite tenant un sceptre de la main droite et un enfant sur le bras gauche.

Atelier (année de frappe): Rome (203)

Références: RSC 16 (45£) - RIC 367 (S) - BMC 422-3 - Hill 607 (C)

Caractéristiques: Argent, 19mm, 3.28g, 12h. - Ex. Künker Auction 174 n°870

Note: ce type de coiffure est absent des collections de la BnF pour les deniers de Plautille.

Commentaire:

Je ne ferai pas ici l'étude du type Pietas et de ses différentes représentations qui feront l'objet d'un autre message. Par contre, il est intéressant de développer le possible lien entre cette monnaie et la naissance d'un enfant de Caracalla et Plautille. En effet, en analysant le texte très fragmenté du carmen saeculare (contrairement à celui d'Horace pour les Jeux de -17) ainsi que les Actes de 204 eux aussi lacunaires, J. Gagé émet l'hypothèse qu'il fait référence à la naissance d'un enfant issu du mariage de Caracalla et Plautille, peut-être à la fin de l'année 203. La décision de célébration des Jeux à ce moment a peut être été motivée par l'arrivée de cet héritier, car étant dans la période de célébration (les 110 ans étaient déjà écoulés), cette naissance a été vue comme un signe des temps au moment justement d'entamer un siècle nouveau. L'auteur rapproche ce postulat de la monnaie de Plautille émise en effet en 203 et portant au revers Pietas avec dans ses bras un enfant. Des monnaies semblables pour Domitia ainsi que durant la période antonine pour Matidie ou Faustine II font très certainement aussi référence à des naissances au sein de la famille impériale. Dans ce type de représentation de Pietas avec enfant, le sens est plus familial que religieux. Dans le cas de Faustine jeune, très féconde puisqu'elle aurait eu onze enfants, le nombre d'enfants auprès de Pietas augmente avec les années. En revanche, il n'y a aucune mention explicite dans les textes des auteurs antiques de l'existence de cet enfant, fruit de l'union réputée stérile de Caracalla et Plautille, mort certainement prématurément. Évidemment, cette communication sur la naissance a des visées politiques: il s'agit, par l'intermédiaire de cette image de la piété familiale et de la fécondité des femmes de la maison impériale, de montrer à tous la perpétuité de l'empire grâce à la descendance des souverains.